

Si rien n’est joué, notamment en raison de l’opposition des commerçants nîmois et avignonnais, le projet de village des marques pourrait rapidement déboucher sur la création d’une centaine de boutiques en sortie de l’autoroute A9, à Remoulins.
La Commission départementale d’aménagement commercial (CDAC) du Gard vient de donner son feu vert à la création d’un village de marques à Fournès.
Ce projet, porté par la société Advantail, prévoit la création de 110 boutiques, d’une surface de vente moyenne d’environ 150 m2, sur 22 000 m2 dans un site d’une superficie d’une quinzaine d’hectares au pied de l’échangeur de l’autoroute A9 de Remoulins, sur la zone de «la Pâle». Son ouverture est prévue pour le second semestre 2014.
Le futur village des marques, qui doit générer entre 300 et 400 emplois, prévoit d’accueillir jusqu’à deux millions de visiteurs par an sur son parking de 1 370 places de stationnement. Essentiellement positionnés dans le secteur de l’habillement, ces magasins proposeraient des produits de saisons antérieures à prix minorés de 30%, et jusqu’à moins 70% en période de soldes.
Forte opposition d’Avignon
Une décision de la CDAC 30 qui suscite de vives réactions, tant du monde économique que du monde politique. François Mariani, président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Vaucluse, dénonce ainsi une «provocation» et fustige «l’irresponsabilité de la commission», qui n’a tenu aucun compte du refus de toute les CCI concernées par le projet (Nîmes, Pays d’Arles et Vaucluse).
«En outre, le site retenu pour le projet n’est absolument pas adapté aux flux de véhicules qu’un tel ensemble commercial va générer, poursuit le président de la CCI 84. La raison est très simple : les infrastructures routières sont inappropriées ! Encore une fois, l’urbanisme commercial devance l’aménagement du territoire. »
De son côté, Marie-Josée Roig, maire d’Avignon affiche également son opposition au projet et annonce que la Cité des papes déposera un recours contre cette décision.
Une position identique prise également par la ville de Nîmes. «Tout comme les villes d’Avignon, d’Arles, et de Lunel, Nîmes a défendu un aménagement du territoire raisonné et raisonnable, explique Jean-Paul Fournier, maire de Nîmes et président de la communauté d’agglomération de Nîmes Métropole.
Or, sous couvert des hypothétiques emplois créés, ce dossier va à l’encontre de toutes considérations environnementales et économiques. Déconnecté des zones commerciales existantes, accessible uniquement en voiture, il ne satisfait en aucune façon un besoin des habitants de la zone de chalandise.
En effet, le territoire ne souffre d’aucun déficit d’offre commerciale en matière d’équipement de la personne. Comment ne pas y voir, alors, un risque évident pour le tissu commercial de nos centres urbains ?»
Hostilité des commerçants
Le projet, soutenu par la Communauté de communes du Pont-du- Gard, dans laquelle figure Fournès, rencontre cependant surtout l’hostilité des commerçants des principales villes concernées par la zone de chalandise du projet. Regroupés au sein d’un collectif interdépartemental réunissant notamment des commerçants de Nîmes, d’Avignon mais aussi d’Uzès et de Bagnols sur- Cèze, ces derniers commencent à se mobiliser contre le projet et s’étonnent que le périmètre de l’enquête publique n’ait pas pris en compte la proximité de ces grandes villes.
Ils rappellent également qu’un emploi crée dans ce type de projet a pour conséquence la destruction de cinq emplois dans le commerce traditionnel.
Déçu par le verdict départemental, le collectif de commerçants planche désormais sur un éventuel appel de cette décision devant la Commission national d’aménagement commercial (CNAC).
Autre espoir pour les opposants, l’avenir du projet de village des marques de Fournès semble suspendu à celui de Miramas porté par le promoteur Mc Arthur Glen. En effet, si ce dernier voit le jour, le village gardois ne verra pas le jour en raison de la proximité des deux projets. Rejeté en septembre dernier par la CDAC des Bouches-du-Rhône, ce projet de Mc Arthur Glen, qui représente un investissement de 100M€, doit repasser prochainement, dans le cadre d’un recours, devant la CNAC.
Laurent Garcia
Cet article a été rédigé par la rédaction de l’hebdomadaire économique « L’Echo du Mardi ». Vous pouvez vous procurer ce journal en vous abonnant. Renseignements : http://www.pa84.fr/