Quelles sont les conséquences économiques de la crise du Covid-19 ?

A R T I C L E – Après Paris et New York, le Sorguais Abdelak Adjriou travaille actuellement à la City à Londres, au cœur d’une des plus grandes places financières du monde. Il nous partage sa réflexion sur les conséquences économiques de la crise du Covid-19. 

La situation de l’économie mondiale est-elle fortement dégradée avec la pandémie du Covid-19 ?

La situation est très inquiétante, la croissance mondiale va être négative autour de -2%. L’unique fois ou la croissance mondiale a été négative sur les 50 dernières années, c’était en 2009 après la crise financière. On avait commencé l’année 2020 avec beaucoup d’espoir avec la signature d’un accord entre la Chine et les Etats-Unis en Décembre 2019 mais le coronavirus a changé de façon brutale la trajectoire de la croissance.

La nature de la crise est différente mais les conséquences seront similaires. La bourse française a dévissé de 40% en un mois, c’est très rapide. L’action Air France a perdu 60% avec la mise au sol de 90% de ses vols. 45 000 salariés d’Air France sont au chômage partiel. D’autres secteurs d’activité sont touchés, le tourisme est au point mort.

« Beaucoup de similitudes

avec les années 30″

Quelles peuvent être les conséquences économiques et sociales en France ?

Les conséquences vont être triples, d’une part la situation sur le front de l’emploi va fortement se dégrader, le chômage va surement repasser au delà des 10%. Les finances publiques vont se détériorer fortement à 7% de la richesse nationale. Et enfin on peut rentrer dans une spirale déflationniste dangereuse. La banque centrale européenne est déjà au plancher et ne peut plus faire grand chose.

La situation fiscale ne nous permettra pas de relancer la croissance. Il y a beaucoup de similitudes avec les années 30 et une grande période de dépression ou l’activité et les prix des actifs ont baissé. Les ménages et les entreprises françaises se sont fortement endettés ces cinq dernières années, les risques de défaut sont élevés. L’état ne pourra pas sauver tout le monde, certaines entreprises vont devoir fermer et les prix de l’immobilier vont baisser.

« On peut s’attendre a des nationalisations »

Que faudrait-il faire pour éviter une crise économique de grande ampleur ?

On ne peut pas éviter la crise, le choc est déjà là avec le confinement du pays. Le gouvernement a mis en place des amortisseurs en accordant des prêts aux entreprises touchées, et en garantissant les salaires. On peut s’attendre aussi a des nationalisations.

La crise fait partie des cycles économiques mais l’état de l’économie avant son arrivée et la façon dont on y répond sont déterminants pour savoir comment on en sort. La situation d’avant la crise était déjà préoccupante avec un endettement élevé des Etats, des ménages et des entreprises, désormais, les investisseurs vont devoir accepter des pertes avant de pouvoir repartir.

« Le libéralisme effréné va être questionné »

Cette situation va-t-elle remettre en question les fondamentaux de la mondialisation ?

La mondialisation et ses conséquences sur la mise en compétition des salariés dans le monde ont commencé a être remise en cause des 2016 par l’arrivée de Trump puis de Boris Johnson au pouvoir. Ici, il s’agit surtout de relocaliser en France certaines activités stratégiques afin de ne plus dépendre de la Chine.

Le libéralisme effréné va aussi être questionné. Les entreprises ont payé de fortes dividendes dans les belles années et demandent maintenant à être sauvées par l’Etat, donc par les contribuables. On ne peut plus socialiser les pertes et privatiser les gains.

Zappings

MAG 50 PERSONNALITES

GRAND PRIX DU BATIMENT DURABLE

GUIDE DES RESEAUX