© Photo Jamil Zéribi – InfoAvignon
À quelques mois des élections municipales, la campagne avignonnaise entre progressivement dans une phase plus lisible. Dans un paysage politique local fragmenté et encore en recomposition, Mathilde Louvain est l’une des figures à suivre. Trentenaire, originaire de Tours, installée à Avignon depuis près de quatre ans, la candidate portée par la France insoumise avance avec une méthode singulière : du temps long, du travail de terrain et une volonté affirmée de construire une dynamique d’Union populaire, ancrée dans les réalités locales.
Restée volontairement discrète durant les premiers mois de cette campagne, Mathilde Louvain assume désormais un changement de rythme. Son projet, nourri par de nombreuses rencontres avec les habitants, les associations et les acteurs du territoire, entend répondre aux attentes sociales, démocratiques et écologiques d’une ville confrontée à de fortes inégalités. Une candidature qui, sans éclat médiatique, cherche à s’installer durablement dans le débat municipal.
Un paysage local fragmenté à gauche
À Avignon, la campagne municipale s’inscrit dans un paysage politique local particulièrement éclaté. Longtemps réunies au sein de la même majorité municipale, les différentes sensibilités de gauche s’apprêtent désormais à s’affronter lors de ce scrutin.
Le Parti socialiste est engagé aux côtés d’une partie des écologistes, tandis que d’autres écologistes hésitent encore et certains souhaitent rejoindre la dynamique portée par Mathilde Louvain et l’Union populaire. En parallèle, une démarche citoyenne structurée s’organise autour de Zineb Haddaoui, adjointe aux Sports, revendiquant une autre approche du rassemblement.
À cette recomposition s’ajoute Place Publique, mouvement emmené localement par Benoît Belvalette, qui entend porter sa propre voix à gauche. Enfin, un centre gauche, incarné d’un côté par le PRG, Joël Peyre, et de l’autre par le centriste Paul Roger Gontard, affiche également l’ambition de conquérir la ville.
Dans ce contexte fortement morcelé, Mathilde Louvain apparaît comme la seule candidate à gauche à s’extraire clairement du bilan municipal sortant, tout en cherchant à s’imposer comme un point de convergence possible, sans masquer les lignes de fracture existantes.
Un parcours personnel et politique forgé dans l’engagement
Chez Mathilde Louvain, l’engagement politique n’est ni un hasard ni une posture. Il s’inscrit dans une histoire familiale marquée par le syndicalisme et la défense du service public. Très jeune, elle a grandi dans un environnement où débattre, s’engager et refuser l’injustice comme une fatalité faisaient partie du quotidien. Une culture politique précoce qui éclaire aujourd’hui son aisance sur les sujets sociaux et institutionnels.
Professionnelle de la culture, chargée des relations avec les publics au sein du théâtre jeunesse Le Totem, elle œuvre depuis plusieurs années pour l’accès à la culture au plus grand nombre, notamment dans les quartiers populaires. Un engagement concret, loin des discours abstraits. Mère de deux jeunes enfants scolarisés à Avignon, elle vit également au quotidien les réalités des services publics : école, petite enfance, logement, accès aux droits. Militante à la France insoumise depuis 2017, elle a aussi contribué à des travaux nationaux sur les politiques culturelles, un parcours qui lui a permis d’acquérir une connaissance des dossiers et des mécanismes institutionnels.

© Photo Lola Gadea
Derrière la discrétion, une volonté de leadership
Restée jusqu’ici en retrait médiatique, Mathilde Louvain ne donne pourtant pas l’image d’une novice. Dynamique, structurée, politiquement habile, elle déroule ses arguments avec méthode et précision. Lorsqu’elle aborde les questions de logement, d’école, de sécurité ou de démocratie locale, elle connaît ses sujets et répond sans détour. Cette discrétion apparente masque en réalité une volonté assumée : prendre sa place, incarner une direction politique claire et fédérer largement autour d’un projet d’Union populaire.
Remettre les citoyens au cœur des décisions
Au cœur du projet porté par Mathilde Louvain, une conviction : sans implication citoyenne, il n’y a pas de transformation durable. Elle défend l’idée d’une commune laboratoire de la démocratie locale, avec des conseils citoyens réellement opérationnels, des outils de démocratie directe comme le référendum d’initiative citoyenne à l’échelle communale, et une place renforcée donnée aux habitants dans les décisions municipales.
Cette ambition démocratique s’accompagne d’un objectif central : permettre à chacun de vivre dignement à Avignon. Lutte contre le logement insalubre, plan pluriannuel d’investissement dans les écoles, défense des services publics, reprise en régie publique de l’eau avec la gratuité des premiers mètres cubes : autant de priorités assumées au regard de la réalité sociale du territoire.
Sécurité et tranquillité publique : un discours sans faux-semblants
Les mobilités et la tranquillité publique complètent ces axes structurants. Mathilde Louvain plaide pour la gratuité des transports en commun, accompagnée d’une amélioration réelle de l’offre et du développement de mobilités douces. Sur la sécurité, un sujet qu’elle refuse de contourner, elle défend une approche globale mêlant prévention, médiation, éducation populaire et police municipale de proximité, orientée vers le lien et la présence quotidienne. Elle évoque également la nécessité de renforcer les effectifs de la police nationale, estimant que la sécurité ne peut être traitée par des réponses partielles ou idéologiques.
Une campagne qui change de tempo
Après plusieurs mois de travail de fond, enquêtes de terrain, rencontres avec les habitants, échanges avec les associations et collectifs, restitutions publiques, la campagne entre désormais dans une phase plus visible. Début janvier, Mathilde Louvain présentera officiellement son programme et sa liste, avant l’organisation d’un grand meeting fin janvier. Le député Raphaël Arnault sera pleinement engagé dans cette campagne pour accompagner la dynamique et contribuer à la construction d’une Union populaire large et ancrée localement.

© Photo Sébastien Calvet / Mediapart
Un scrutin local aux résonances nationales
Si la campagne se joue d’abord sur des enjeux strictement avignonnais, cette élection municipale est également observée de près par la France insoumise au niveau national. Dans un climat marqué par une forte pression médiatique et politique à l’encontre du mouvement et de Jean-Luc Melenchon, le résultat à Avignon constituera un indicateur important de la solidité de l’Union populaire sur le territoire.
Pour Raphaël Arnault, député de la 1ère circonscription du Vaucluse, cette campagne municipale constitue également un test politique majeur. Elle pèsera directement sur sa capacité à aborder les législatives de 2027 en position de force, ou pas… S’il souhaite être reconduit, la France insoumise devra maintenir une dynamique locale forte, ce qui rend l’investissement de Raphaël Arnault dans cette campagne indispensable et total. Sa capacité de mobilisation sur le terrain, qui avait fortement impressionné lors des dernières législatives, pourrait, s’il s’engage pleinement aux côtés de Mathilde Louvain, influencer de manière décisive les équilibres à gauche à Avignon.
Jusqu’ici volontairement discrète, l’équipe de la France insoumise et sa tête de liste ont désormais décidé d’accélérer, avec une communication plus visible et plus assumée. Une montée en puissance qui marque l’entrée de Mathilde Louvain dans une phase plus offensive et pleinement assumée de la campagne municipale avignonnaise.
Jamil Zéribi

