L’interview Grand Angle de « Cleps », un artiste protéiforme

Photographe, musicien, vidéaste et Street Artist, Cleps, de son vrai nom Clément Puig, est un touche à tout. Si vous ne connaissez pas encore son nom, vous avez sans doute croisé au détour d’une rue un de ses collages photos. Rencontre.

C’est chez lui, sur une péniche, que Cleps nous accueille. Souriant et avenant il met à l’aise et rend l’entrevue facile. Plus qu’une interview, il invite à la discussion. Un échange où auront surtout été abordés les thèmes de l’Art et de la créativité.

InfoAvignon : Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Cleps : Je m’appelle Clément Puig, j’ai 33 ans, je fais principalement de l’image, beaucoup de photos autant d’un point de vue professionnel qu’artistique. Je fais un petit peu de vidéo et je suis également musicien.

InfoAvignon : Oui, d’ailleurs à l’origine vous avez suivi une formation musicale, vous jouez dans un groupe ?

Cleps : Je suis bassiste dans deux groupes, Lenagual qui est orienté blues et Namogodine qui est un mélange de musique traditionnelle d’Afrique de l’Ouest et de chanson française. On sort un troisième album prochainement.

InfoAvignon : Quand vous êtes-vous mis à la photo ?

Cleps : Vers l’âge de 14 ans, je faisais beaucoup de graff et de skate, on regardait beaucoup de vidéos, de photos sur le sujet et j’ai commencé à être vraiment touché par l’image. Je me suis acheté un appareil un peu merdique avec un fisheye, parce que ça marche bien avec le skate.

InfoAvignon : Ah oui donc vous avez toujours voulu faire de la photo.

Cleps : Pas tout à fait, j’ai « seulement » commencé professionnellement vers l’âge de 25 ans. Avant je faisais surtout de la musique et quand mon groupe de l’époque s’est arrêté, j’ai décidé de faire de la photo. Aujourd’hui j’en vis, j’ai des commandes, je travaille avec des enseignes, des assos et je fais aussi les évènements.

InfoAvignon : Quand avez-vous décidé d’intervenir dans la rue ?

Cleps : Comme je le disais tout à l’heure, ado je faisais du graff. Plus tard, en 2008 je suis parti au Burkina Faso pour apprendre la basse mandingue. J’habitais dans un quartier où vivent les meilleurs musiciens du Burkina. Je me suis lancé dans un projet d’interview/collage. Je rencontrais les gens, je les photographiais. Ensuite je collais dans la rue leur portrait à côté de leur interview.

InfoAvignon : A la base vous n’étiez donc pas parti pour « coller », qu’est-ce qui vous a donné l’idée de ce projet ?

Cleps : Le but était que la population du quartier se rende compte que des virtuoses vivaient à côté d’eux. Je trouvais triste que les seuls visuels dans les rues soient des pubs, j’avais envie de proposer autre chose. Ça a suscité des réactions, ça m’a encouragé à continuer.

InfoAvignon : Le Burkina Faso c’est le point de départ donc, et après ?

Cleps : En rentrant en France j’ai voulu exploiter mes photos d’Afrique, tout en continuant dans cet esprit collage grand format. J’ai participé à deux gros projets pour un festival de musique à Bonifacio (Nautic et Music). J’ai collé 500m2 de photos.

InfoAvignon : Quand on regarde vos photos on constate que beaucoup sont prises à l’étranger, pourquoi ce choix ?

Cleps : Je voyage beaucoup et à chaque fois je ramène un maximum de clichés, mais j’essaye petit à petit de me détacher du voyage. J’ai travaillé par exemple avec une association marseillaise, les Têtes de l ‘Art. On a bossé avec des jeunes sur les expressions du visage. J’en ai sorti des images vraiment intéressantes. Mais je ne sais pas pourquoi j’ai le sentiment qu’à l’autre bout du monde, c’est plus facile d’aborder les gens dans la rue.

InfoAvignon : Dans votre travail, on observe que vous privilégiez le grand angle, pourquoi ce choix ?

C’est un peu en opposition avec le concept « portrait volé ». Moi toutes mes photos se font à 30 cm des visages. Alors déjà il y a un effet esthétique qui me plait, l’aspect « grosse gueule ». Et puis il y a un côté déstabilisant pour le modèle ce qui crée un malaise sur l’expression que je trouve très intéressant.

InfoAvignon : Pour finir, comment définiriez-vous votre démarche ?

C’est toujours très compliqué ça. La question revient souvent… J’aime ce qui est beau, ma démarche est esthétique, en fait je ne mets pas de discours derrière, je veux que la beauté du cliché suffise. Même si je trouve que dans le milieu de l’Art c’est difficile d’assumer ça.

En plus de ses projets de collage et de ses groupes de musique, Cleps travaille comme cadreur pour le projet Natura’Live. En ce moment on peut trouver ses collages (sur bois) à l’Art Food’N’Roll (Villeneuve) et au Studio 411 (Montpellier) où il est artiste permanent. De nombreux projets sont en cours, pour ne rien manquer suivez le sur Facebook https://www.facebook.com/CLEPS.STREET.ART/?fref=ts

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