La ville d’Avignon parle « écologie » mais imprime son magazine dans le Pas-de-Calais

Tous les mois, la ville conçoit le magazine Avignon(s) pour relayer les actions de la majorité, les événements associatifs et met en lumière les talents de notre territoire. Cette initiative est pertinente car elle permet de conserver un lien avec l’actualité et la vie quotidienne des avignonnais. En revanche, incompréhension totale, ce support est imprimé à 56 000 exemplaires dans une imprimerie du Pas-de-Calais, c’est à dire à 907 km d’Avignon.

A quelques semaines du premier tour des élections municipales, les candidats dévoilent leur programme. Près de trois quarts des Français affirment porter une attention particulière à l’écologie et aux questions environnementales. Les programmes intègrent donc des mesures en faveur du respect de l’environnement et certains se découvrent soudainement une fibre écologiste.

La candidate Cécile Helle n’est pas en reste dans ce domaine. Durant son mandat de Maire, celle-ci est apparue très rigoureuse, parfois rigide sur le sujet de l’écologie. Elle a défendu bec et ongles les bus à haut niveau de service, elle est à l’origine de la création de nombreuses pistes cyclables, de la diminution des voitures dans le centre ville… 

Ces mesures associées aux travaux du Tram ont engendré des embouteillages quotidiens et la colère des automobilistes, sauf que dans le même temps, la ville choisissait l’imprimerie Leonce Deprez, située à Ruitz dans le Pas-de-Calais, soit à 907 km d’Avignon pour imprimer son mensuel d’information. Difficile de faire pire en terme de bilan carbone et de maintien des emplois dans le Vaucluse ou la Région Sud.

Les imprimeries du Vaucluse en difficulté

Au delà de la dimension écologique, ce choix impacte directement l’emploi sur notre territoire. En effet, depuis 2004, 14 imprimeries Vauclusiennes ont déposé le bilan (Imprimerie Vidal, Laffont, Ekta, les Presses du Soleil, les Presses de Provence Avignon, l’imprimerie du Comtat, Barthélémy, Dellacasa, Rulliere-Libeccio, Idéogramme, Typoffset, Martin Avignon, Chantron Avignon, Caractère). Il serait peut-être temps de défendre l’emploi sur notre territoire et dans notre Région plutôt que l’emploi dans le Pas-de-Calais.

D’autant que les politiques publiques qui priviligient sans cesse le moins disant dans les appels d’offre sont totalement inefficaces pour le développement durable et l’emploi. Pour preuve, l’imprimerie Leonce Deprez, choisie par la ville d’Avignon, qui réalisait un chiffre d’affaires de 30 Millions d’Euros en 2018 est en redressement judiciaire depuis juillet 2019. 

Sur ce sujet, le PDG, Léonce-Michel Deprez, avait déclaré aux journalistes des Echos.  «  Nous allons nous concentrer sur une clientèle de qualité et cesser d’aller vers le moins-disant  ».  Et Bim !!!

Faire le choix du Bilan Carbone

Les techniciens sans scrupule répondront qu’ils sont prisonniers des contraintes des marchés publics. Sauf que les modalités de prise en compte du bilan carbone dans les procédures d’attribution des marchés sont tout à fait possibles.

«  un acheteur public est parfaitement autorisé à exiger, dans son règlement de consultation, la production, par les candidats, du bilan carbone de leurs offres. Il peut même aller au-delà et intégrer, dans son coût global, ceux des externalités environnementales des offres présentées.  »

Moins disant, dumping social qui engendre du chômage, non respect des enjeux écologiques, un aveu d’échec pour une mairie de gauche et une candidate qui propose de « faire d’Avignon un territoire zéro circulation de transit en centre-ville, dans les faubourgs, en ceinture verte comme sur la Rocade. » On en rirait presque si le sujet n’était pas si sérieux.

Au fait, le Grand Avignon également imprime son magazine trimestriel dans le Pas-de-Calais, chez Leonce Deprez…

Nota Bene : Dans le cadre de la préparation de cet article, nous avons contacté le service communication de la ville qui n’a pas répondu à notre sollicitation.