Mohamed Bendjebbour : « L’enjeu pour une agglomération, c’est de diversifier les pôles d’attractivité »

Le Ministère de la Culture décerne tous les deux ans le label « Capitale Française de la Culture » pour les villes moyennes. Avignon n’a pas déposé sa candidature alors qu’au delà du rayonnement national de cette distinction, la dotation pour le gagnant s’élève à 1 millions d’€. Le néo Avignonnais Mohamed Bendjebbour, homme de culture et de communication nous donne son avis sur ce label mais plus largement sur l’attractivité culturelle d’Avignon.

« 25 ans dans le domaine des médias et de la culture »

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Mohamed Bendjebbour, j’ai 49 ans, grandi en banlieue Parisienne. Je suis marié depuis 16 ans et nous avons une fille qui aura bientôt 15 ans, née en Inde et un garçon de 11 ans né à Paris.

Après des études classiques en École de Commerce, j’ai eu la chance d’avoir une expérience de plus de 25 ans dans le domaine des médias et de la culture (France télévisions, Parc de la Villette, RFI) dont plus de la moitié à l’étranger dans les services de coopération culturelle de notre réseau diplomatique à l’étranger (Inde, USA, et Moyen-Orient).

Après avoir été consultant pendant 3 ans, j’ai rejoint il y a quelques mois la célèbre cheffe d’orchestre Laurence Equilbey en tant que secrétaire général de toutes ses initiatives notamment l’orchestre sur instruments d’époque Insula orchestra et le très prestigieux choeur de chambre Accentus.

J’ai la responsabilité de la communication, du marketing et du développement (partenariats et mécénats).

« Avignon ou le Grand Avignon aurait eu de grandes chances d’être au moins pré-sélectionnée »

Le Ministère de la Culture décerne tous les deux ans le label « Capitale Française de la Culture » pour les villes de 20 000 à 200 000 habitants. 29 villes et agglos ont candidaté et 9 d’entre elles ont été retenues pour la phase finale de sélection. La ville d’Avignon n’a pas déposé sa candidature. D’après vous Mohamed Bendjebbour, que représente ce label pour les villes moyennes ?

Mme Bachelot, Ministre de la culture, a en effet créé le label “Capitale Française de la culture”, pour les villes de moins de 200 000 habitants. A la clé une visibilité garantie à l’échelle du pays d’une durée de 2 ans, mais aussi un soutien financier de la rue de Valois de 1 million d’euros !!!!! Financés à 50% par la Caisse des Dépôts.

29 collectivités locales ont fait acte de candidature au label « Capitale française de la culture » au 31/12/2020, date de clôture des candidatures.

Et à partir de cette liste ont été pré-sélectionnées 9 collectivités locales dont : la Communauté d’agglomération Grand Angoulême, la ville de Brest, Laval, Le Mans, Metz, Saint-Paul de La Réunion, Sète, Villeurbanne, la Communauté de Communes du Val Briard.

Dans notre région, Aix en Provence, Cannes et la communauté de communes d’Apt avaient exprimé leur intérêt mais n’ont pas été retenues dans cette liste. Charge aujourd’hui à un jury présidé par une personnalité qu’Avignon connait bien et qui connait elle-même très bien Avignon, puisque c’est Bernard Faivre d’Arcier, ancient directeur du Festival.

Avignon ville du spectacle vivant, compte tenu de sa place dans le pays est un candidat et probablement une capitale de la culture naturelle et toute trouvée. C’est vrai qu’une candidature d’Avignon ou du Grand Avignon aurait été non seulement légitime mais aurait eu de grandes chances d’être au moins pré-sélectionnée.

« Cannes est la capitale mondiale du cinéma pendant la quinzaine mais ne dépend pas que du festival du cinema »

Mohamed Bendjebbour, vous qui avez beaucoup voyagé, que représente Avignon dans l’univers culturel à l’échelle mondiale ?

Avignon est tout simplement la capitale mondiale du spectacle vivant et du théâtre en particulier. C’est notamment le cas pendant le festival. Entre le IN et le OFF, c’est plusieurs centaines de milliers de visiteurs qui débarquent dans la cité des papes et s’installent dans l’agglomération en moyenne pendant une petite semaine.

Le coefficient entre dépenses publiques et retombées économiques est très favorable puisqu’il est de 1 à 5 voir 7 selon certaines études réalisées en 2019.

A titre personnel, je me réjouis de cette force et en même temps l’enjeu pour une agglomération comme celle d’Avignon c’est de diversifier les pôles d’attractivité pour éviter de dépendre que d’un événement aussi prestigieux et de qualité soit-il.

L’exemple de Cannes est très intéressant. Cannes est la capitale mondiale du cinéma pendant la quinzaine mais ne dépend pas que du festival du cinema et a réussi à diversifier son offre et donc à limiter les risques.

« Nous voulions avoir accès direct à la nature tout en étant dans une ville à taille humaine « 

Pourquoi avez-vous choisi le Vaucluse et Avignon pour poser vos valises à votre retour de Dubaï ?

A notre retour de Dubaï, il nous fallait l’exact opposé mais en conservant le soleil et la luminosité. Nous savions que nous voulions être dans le sud.

J’ai fait des repérages à Montpellier, Marseille et Avignon car nous avions de très bons amis originaires de la cité des papes et de la même génération que nous qui ont fait le choix il y a quelques années d’y revenir.

Nos amis, l’une d’Aramon et l’autre installé à Villeneuve les Avignon ont été les meilleurs ambassadeurs.

Nous voulions nous installer dans une ville où l’on pouvait tout faire ou presque à pied (A Dubaï, vous ne pouvez pas vivre sans voiture) et évoluer dans un environnement authentique et historique, patrimonial (alors qu’à Dubaï, on dit qu’un immeuble est ancien lorsqu’il a plus de 10 ans). Nous voulions aussi avoir accès direct à la nature tout en étant dans une ville à taille humaine. Avignon répondait à tout celà.

La cerise sur le gâteau étant l’accès à Paris, Lyon et Marseille avec une gare TGV à 10 minutes du centre-ville. On est à la croisée de 3 départements, 2 régions, 2 parcs nationaux et nous avons beaucoup d’amis parisiens notamment du monde de la culture qui ont un ancrage dans la région.

Je suis aujourd’hui la semaine à Paris et le week end de retour “chez moi”.

Le mot de la fin ?

A l’image d’Angoulême qui est devenue le pôle de référence de l’image animée et de la BD en France et en Europe, Avignon capitalisera, je n’en doute pas, sur son festival en impliquant sa population pour élargir à d’autres disciplines artistiques et devenir un écosystème de référence au plan national et international des industries culturelles et créatives.

J’ai pour ambition d’y apporter ma modeste contribution.

CREDIT PHOTO : NAJIM BARIKA

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