Darida Belaïdi relaxée sort du silence
- 23 mars 2022
- Jamil Zéribi
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L’ancienne élue Darida Belaïdi était poursuivie pour harcèlement dans une procédure qui a duré 6 ans. Après ce long marathon judiciaire, le tribunal vient de la relaxer. L’avignonnaise se dit victime d’un règlement de compte politique. Nous l’avons rencontrée.
Darida Belaïdi, le tribunal a reconnu votre innocence et vous a relaxé suite à une plainte pour harcèlement déposée il y a quelques années par une secrétaire avec qui vous auriez collaboré. C’est un soulagement j’imagine ?
Oui, c’est un soulagement que mon honneur soit lavé, mon innocence officialisée. Ce dénouement met surtout en lumière l’incohérence et l’injustice d’une procédure qui aura duré 6 ans. Soulagée n’est pas le bon terme car ce mauvais feuilleton judiciaire a eu un impact sur de nombreux aspects de ma vie publique /politique, personnelle.
Je précise d’ailleurs pour réagir à votre question que je n’ai jamais travaillé avec la secrétaire en question, ce qui rend cette histoire d’autant plus grotesque. Je souhaite remercier encore une fois tous ceux qui ne m’ont pas abandonnée, ils se reconnaîtront.
Comment avez-vous vécu l’enquête et plus largement, ces accusations ?
Mal. Comment voulez-vous que je le vive autrement que mal ? Cela fait bientôt 35 ans que je suis engagée en politique comme militante, pour porter la parole des plus fragiles d’entre nous, des plus démunis, et plus particulièrement des habitants des quartiers populaires.
Élue, j’ai accompagné des centaines de familles pour leur trouver un logement, un emploi, décrocher des aides, tenter de sortir les gens de l’impasse. Voir tout cela éclipsé par des accusations fantaisistes fut douloureux car mon engagement vient du fait que j’aime les gens. Ce que l’on me reproche en réalité, c’est d’avoir du caractère et une grande gueule. Et d’avoir pris une place dans le paysage politique qu’on ne voulait pas me voir occuper.
Il a fallu pendant 6 ans que je me batte pour faire éclater la vérité, pour prouver mon innocence. Lorsque l’on se sait innocent, comme ma relaxe le prouve, se battre pour retrouver son honneur et éviter la pire des sanctions, c’est épuisant. Mais pendant tout le temps où j’ai été élue, j’ai toujours fait passer les administrés avant mes problèmes personnels. Même si mes détracteurs n’ont pas eu la même délicatesse.
D’après vous, avez-vous été victime d’un règlement de compte politique ?
Oui. Le jour même où le maire d’Avignon m’a proposé de devenir sa deuxième adjointe, j’ai suscité des jalousies, qui ont empiré lorsque j’ai été élue conseillère départementale. Ils ont commencé à se demander jusqu’où j’allais aller ? Députée ? Autre chose ? Bref, il fallait alors mettre un terme à cette ascension par tous les moyens.
Quand ce sont ceux avec qui vous avez milité pendant des années, ceux que vous avez aidé à être élus, ceux à qui vous avez prodigué des conseils (pas toujours compris en tant que tels) … Quand ce sont eux qui témoignent contre vous dans ce genre d’affaire, on peut penser qu’ils ont des comptes à régler avec vous.
Leurs dépositions ont été mensongères afin d’instrumentaliser la justice à des fins politiques.
Comment ont réagi vos anciens collègues élus durant l’enquête ?
Certains, une poignée, sont restés présents à mes côtés car ils me connaissent et savent que je ne suis pas une harceleuse. Les autres ont fait bloc avec le maire. Parmi eux se trouvaient les instigateurs de cette cabale. Maintenant, je sais à quoi m’en tenir avec chacun, et je sais que celui qui a trahi, trahira encore.
Cette relaxe a-t-elle créé chez vous un nouveau désir d’engagement politique ?
L’engagement politique est présent jusqu’à la fin quand on a commencé à militer à l’âge de 20 ans.
Mes convictions ne sont pas liées à mon statut judiciaire, elles sont ancrées en moi. Sinon je ne me serais pas représentée lors des dernières départementales.
Pour le moment, les électeurs ont préféré faire confiance à d’autres élus sur le Canton dans lequel je siégeais, et j’accepte leur choix, mais je reste une citoyenne engagée avec de réelles convictions. Je suis une femme libre de tout mandat et de toute appartenance partisane.
J’aime ma ville et je ne m’interdis rien.
- 23 mars 2022
- Jamil Zéribi
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